GR20 5 jours en autonomieLe GR20 est découpé en 16 étapes et se fait normalement sur 16 jours. Faire le GR20 en 5 jours demande une organisation très spécifique, mais aussi une préparation physique adéquate. Tout le monde n’est pas capable de marcher ou courir 36 kilomètres par jour pendant 5 jours, sans parler du dénivelé, et du poids du sac à dos.

GR20 en 5 jours Nord – Sud en autonomie

J’ai pu poser des questions à Jean Hacquart qui a parcouru le GR20 en 5 jours en marchant en Juillet 2021, le tout en autonomie alimentaire. Il est précisé qu’il l’a fait en marchant, car certaines personnes font le GR20 en courant en mode trail.

Peux-tu te présenter ?

Je suis né à Chambéry en Savoie il y a 30 ans, j’ai eu la chance immense de grandir entouré de montagnes. D’autant que je m’en souvienne, je me suis toujours baladé de sommet en sommet à pied, à ski ou à vélo. 

Pourquoi faire le GR20 ?

Parce que la Corse est l’un des endroits les plus beaux qu’il m’ait été donné de voir au cours de tous mes voyages. Alors traverser l’île à pied me paraissait une évidence pour profiter au mieux de la diversité des paysages. 

Lever de soleil GR20

Peux-tu détailler ton GR20 en 5 jours ?

Comme beaucoup de gens, j’ai suivi le sens Nord-Sud, afin de rejoindre Ajaccio une fois arrivé à Conca.

Voici le programme de mon GR20 en 5 jours.
J’ai passé 4 nuits et 5 jours sur le GR, répartis comme ceci : 

  • Jour 1 : Calenzana – Ascu, environ 12h 
  • Jour 2 : Ascu – Manganu, environ 15h
  • Jour 3 : Manganu – Bocca Palmente, environ 14h
  • Jour 4 : Bocca Palmente – Bergeries de Bassetta, environ 13h30
  • Jour 5 : Bergerie de Bassetta – Conca, environ 12h
Jour  Départ Arrivée Lieux traversées Temps Distance
1 Calenzana Ascu Stagnu

– Refuge d’Ortu
– Refuge de Carozzu

12h

23.4 km
D+ : 2855m
D- : 1665m

2 Ascu Stagnu Manganu

– Ascension Monte Cinto
– Refuge Tighjettu
– Refuge Ciottulu
– Lac Nino

15h D+ : 2410m
D- : 1909m
3 Manganu Bocca Palmente (Avant Capanelle) – Brèche de Capitello
– Lacs de Melo et Capitello
– Petra Piana
– Refuge de l’Onda
– Arrête de la Pinte Muratellu
– Vizzavone
14h  
4 Bocca Palmente Bergeries de Bassetta – Bergeries de Capannelle
– Col de Verde
– Refuge de Prati
– Refuge de l’Usciolu
13h30  
5 Bergeries de Bassetta Conca – Refuge de A Matalza
– Refuge d’Asinau
– Refuge d’I Paliri
12h  

Peux-tu nous donner le détail d’une journée ?

De mémoire, lever à 4h30, petit déjeuner en même temps que je pliais mon campement. Je commençais à marcher vers 5h-5h15, puis faisais la première étape de la journée accompagnée du soleil levant (la première demi-heure, la frontale était de sortie). 

Arrivé au refuge, plein d’eau puis j’enchaînais avec la deuxième étape de la journée. En fonction de mon rythme, je déjeunais soit au milieu de la deuxième étape, soit au second refuge du jour. Puis la troisième et parfois le début de la quatrième étape quotidienne dans l’après-midi ! J’arrivais entre 17h et 19h le soir. Dîner, quelques massages des jambes et nuit à la belle étoile. 

Suivre le flot de personnes était également agréable, partant tôt le matin je faisais la première étape de la journée sans voir personne ou presque, doublait ou croisait pas mal de monde lors de la deuxième, et me retrouvant plus tranquille pour la troisième étape de la journée. 

Pourquoi avoir choisi de faire le GR20 en 5 jours ?

Une fois que je commence à marcher, j’ai du mal à m’arrêter ! Alors je voulais profiter au maximum des journées, du lever au coucher du soleil. 

Faire le GR20 en cinq jours était une durée intéressante également pour la gestion de la nourriture que j’avais choisi de transporter avec moi depuis le début. Ça ne faisait pas trop lourd à porter ! 

Est-ce que ça t’a paru facile / difficile ?

Ce n’est clairement pas une randonnée facile. Il y a beaucoup de passages cassants, le dénivelé ne s’enchaîne pas facilement. J’ai eu un peu de mal à la fin de la première journée, puis j’ai trouvé mon rythme de croisière pour les jours suivants. 

T’étais-tu préparé pour faire le GR20 en 5 jours ?

J’ai pas mal d’expérience en montagne et plus particulièrement en randonnée. Ces dernières années, j’ai traversé les États-Unis à pied sur le Pacific Crest Trail (4300 kilomètres du Mexique au Canada), ainsi que la Nouvelle-Zélande du Nord au Sud à pied sur 3000 kilomètres avant de faire le retour à vélo!

Pour le GR20, je n’ai pas suivi d’entraînement particulier. Mon corps est plutôt rompu à ce genre d’exercice, ce qui m’a permis de gérer mon effort au mieux lors des longues journées corses.

As-tu douté ?

Non. Je me connais assez bien pour savoir ce dont mon corps est capable, et je n’ai pas eu de doute sur le fait d’arriver à mon campement le soir ou même de finir. 

Avais-tu un topoguide ?

J’avais l’IGN sur mon téléphone, mais pas de topo. J’ai trouvé le GR20 très bien marqué, et il n’aurait pas été facile de se perdre. Le seul moment où j’ai regardé attentivement la carte est dans le cirque de la solitude (hors parcours officiel) où les traces ont été effacées.

Ta partie préférée sur le GR20 ?

Difficile de choisir devant tant de diversité ! Honnêtement, on se prend claque sur claque devant la beauté des paysages. 

Ton lieu pour dormir préféré ?

Sans aucun doute Bocca Palmente, où j’ai dormi loin de tout le monde, même si ce n’est pas autorisé. La solitude, les étoiles et la vue étaient inoubliables ! Je voulais éviter la foule trop nombreuse à mon goût dans les refuges. 

Mais je fais tout pour ne laisser aucune trace lorsque je campe quelque part. C’est d’ailleurs un point qui a pu me marquer par endroits, certains randonneurs ne savent pas faire leurs besoins proprement (creuser un trou, recouvrir de terre, emporter son papier ;)). 

Règle numéro 1 en montagne : ne laissez aucune trace de son passage !

Bivouac GR20

Niveau alimentation, comment avez-vous géré ?

Muesli le matin, tortilla à la sauce tomate concentrée et au parmesan le midi, semoule parfumée le soir, le tout entrecoupé de barres de céréales. Clairement ce n’était pas gastronomique ! 

Mais la légèreté était le maître mot, alors j’ai sacrifié ce plaisir et accepté de manger assez peu pour quelques jours.

Niveau équipement :

Le poids de base de mon sac (tout sauf l’eau et la nourriture) était de 3 kilos. Je me suis pas mal creusé la tête pour être aussi léger tout en prenant avec moi de quoi camper et filmer. J’ai même fabriqué mon propre abri ! Bien qu’au final je ne l’ai pas utilisé, car j’ai dormi tous les soirs à la belle étoile. 

Tous pleins faits, je suis parti avec 7 kilos sur le dos au départ de Calenzana, ce poids diminuant progressivement alors que je mangeais.

Camelbag ou gourde ?

Je ne suis pas fan du Camelbak qui ne permet pas de savoir facilement combien d’eau il me reste. J’avais deux flasques souples de 500ml sur les bretelles de mon sac à dos, et pour les parties les plus longues une bouteille de 750ml dans le sac, mais je ne l’ai que rarement remplie. 

Comment as-tu géré l’approvisionnement en eau ?

Principalement à proximité des refuges, mais aussi dans les cours d’eau et sources sur le chemin. Avec un filtre, ça ne me prenait que quelques secondes de remplir mes deux flasques. 

Avais-tu des Bâtons de randonnée ?

Je marche toujours avec des bâtons, mais il est vrai que sur la partie Nord, je les ai mis assez souvent dans mon sac pour avoir les mains libres et attraper les rochers ! Je conseillerais d’en prendre malgré tout pour préserver ses genoux.

Bocca Palmentu - GR20

Et tes chaussures ? 

En ce qui concerne les chaussures, j’ai beaucoup marché ces dernières années avec des chaussures de trail. Si le confort est parfait, la durabilité l’est souvent moins. Aussi je suis parti sur le GR20 avec des chaussures de randonnée basses, légères et aérées.

Ton équipement pour dormir ?

J’ai eu la chance d’avoir un sac de couchage fourni par Cumulus. J’avais le modèle X-Lite 200 : confort 4 degrés et poids de 350g. Idéal pour un GR20 rapide et léger tout en restant au chaud. 

Mon matelas est un Thermarest NeoAir en taille S (120cm). Pas le plus confort, mais un encombrement minimum ! 

Quant à l’abri, je me suis fabriqué un tarp en Silpoly avant de partir, mais je n’ai pas eu l’occasion de l’utiliser, car il a fait beau tous les soirs !

Budget total de ton GR20 en 5 jours ?

Je dirais 500 € au total, avec les transports depuis le continent, la nourriture, les emplacements de camping… Mon budget représente uniquement les dépenses effectuées sur le GR20. N’est pas inclus le budget pour mon équipement.

Des choses que tu changerais si tu devais le refaire ?

Honnêtement pas grand-chose, j’étais assez bien préparé. Si ce n’est peut-être rechercher plus de solitude le soir ! 

Des conseils à ceux et celles qui voudraient faire le GR20 en 5 jours ?

Marcher ! Ça peut paraître bête, mais rien ne remplace des heures et des heures de marche en montagne pour préparer son corps à ce qu’il va endurer. Le GR20 est exigeant comme aucun autre chemin ou presque. En marchant, j’ai rencontré 10 randonneurs voulant faire le GR20 en 5 jours, seulement 2 l’ont réalisé au final (dont moi) alors que la plupart étaient sportifs ! 

Le mot de la fin

Le GR20 n’est pas une course ! Peu importe que vous le fassiez en 5, 7, 12 ou 16 jours, les paysages seront toujours aussi beaux. Pour ma part, même si je l’ai fait sur un rythme plutôt rapide, j’ai adoré prendre le temps de filmer, de discuter, de m’arrêter admirer les vues… Hors de question pour moi de regarder ma vitesse moyenne ou ma distance, je m’en fichais royalement !

Merci Jean Hacquart d’avoir répondu à mes questions. Vous pouvez le retrouver sur sa chaine Youtube et son compte Instagram, où il partage ses aventures.

GR20 en 5 jours en mode trail